Paris, Paris, Paris …

La distanceUne question me tracasse depuis quelques jours et je pense que ce blog est le bon endroit pour la poser puisque nous sommes tous curieux (ou passionnés) des usages de tout ces outils extraordinaires qu’Internet met à notre disposition.

Je vais essayer d’être synthétique. Le web « 2.0 » nous amène dans un monde coopératif où nous pouvons créer des « réseaux de travail » autours de thèmes, de problèmes ou de projets. Les outils sont en ligne et, avec un ordinateur et une connexion adéquate, nous pouvons travailler de n’importe où, ce qui veut dire aussi que nous n’avons pas à être quelque part en particulier. On peut aussi ajouter à cela les moyens de transports modernes, pas « 2.0 », mais qui permettent de se déplacer assez simplement pour faire du « présentiel » (j’adore ce mot).

D’un autre coté une de nos connaissances, après une belle aventure sur Dijon dans le domaine de l’Internet, se pose la question de la suite et se donne comme option « chercher un travail sur Paris ». C’est une suggestion que nous entendons tous dans le domaine des TIC et force est de constater que c’est une réalité.

Il m’a fallut un peu de temps pour confronter ces deux faits incontestables et pourtant si contradictoires ! J’aimerai savoir se que vous en pensez, où est le point bloquant ?

Bon, je me pose peut-être des questions stupides 😉

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  1. #1 par Bridget le 3 juillet 2008 - 8:41

    Non ce n’est pas une question stupide!c’est un fait.
    Je pense que même si les réseaux, les transports, internet nous permettent d’être partout…ils nous limitent tout de même à certaines choses.

    Un exemple concret, vous avez un blog, un site qui marche plutôt pas mal, vous avez régulièrement des invitations à des vernissages, inaugurations, lancements…
    Et bien si vous habitez à plus de 3-4h de Paris (car tout se passe souvent là haut!) vous allez réfléchir à deux fois avant d’y aller, et surtout que ça a un cout en transport.
    Donc malheureusement si on veut vraiment s’éclater dans le domaine des TIC (avoir des projets excitants…) la plupart se passe dans les grandes villes et surtout dans les capitales!

  2. #2 par karinetoussaint le 3 juillet 2008 - 9:59

    Je pense que ce n’est pas contradictoire, puisque les contacts virtuels doivent à un moment ou à un autre conduire à du « présentiel », comme tu dis ! (bravo, tu as parfaitement intégré le vocabulaire consulaire ;-D)
    Sans vouloir rentrer dans la caricature des rapports province/Paris, à mon avis, il y a 2 mouvements qui se confortent :
    – d’une part, le business se fait là où sont physiquement les réseaux (donc les personnes)
    – et, d’autre part, si tu es estampillé « province », quoi qu’on en dise, de prime abord tu parais toujours avoir un train de retard et les Parisiens te snobent un peu… (sauf les ex-provinciaux exilés à Paris et qui viennent du même endroit que toi : là, ça te donne plutôt un avantage concurrentiel !) Et même les Provinciaux se disent : ouah, il a son business à Paris, donc il doit être bon / mieux informé de ce qui se fait / plus concurrentiel (cocher la case utile)
    J’exagère ? A peine… ça doit être mon côté Marseillais qui ressort !
    ;-DDD

  3. #3 par eric nicolier le 3 juillet 2008 - 10:05

    Assez d’accord avec Bridget…

    J’ajouterais un autre point à ta réflexion.

    Le web 2.0, les outils collaboratifs c’est bien, mais je crois que trop souvent ils sont perçus comme un gadget pour geeks acharnés.

    Logiquement ces outils devraient nous permettre de travailler de manière « dématérialisée » un peu n’importe où, sans se soucier de la distance.

    Or, combien de réunions, de rendez-vous « physiques » sont encore programmés alors que l’on pourrait trouver une solution économe en déplacements et en temps.

    Je ne sais pas si vous avez déjà fait l’expérience suivante : on vous contacte professionnellement, un client potentiel, il veut vous voir ! Pas de souci, mais il est à 150, 200 km.

    Alors vous lui proposez de se caler un RDV d’une vingtaine de minutes par visio. Et là, vous sentez le désarroi… ah oui ok par visio. Il a sans doute tous les outils pour le faire, mais à la limite votre proposition vous fait passer pour un doux dingue, un gars pas très sérieux.

    Bien sûr dans bien des cas le contact physique est irremplaçable, essentiel, mais l’est-il réellement toujours ? Non évidemment.

  4. #4 par lauredessaux le 3 juillet 2008 - 10:25

    D’accord avec Bridget..
    Et d’accord avec toi Eric, la visio n’est pas encore une évidence pour tout le monde ! Même si l’augmentation des coûts de transports qui deviennent une triste réalité commencent à obliger les gens à changer leurs habitudes…
    Je l’ai bien vu lorsque je m’occupais de la visioconférence à la CCI Dijon : ce matériel était mis à disposition des entreprises et depuis un an et demi, sans en faire de pub, les boites nous contactaient d’elles-mêmes pour louer la salle.

    De même, aujourd’hui tous les ordinateurs portables sont équipés d’une webcam. Dès lors qu’on capte un réseau Internet il nous est possible de converser par vidéoconférence (Skype).
    D’ailleurs, je vous parlerais dans un prochain article d’un service en ligne collaboratif qu’Adobe vient de sortir : ConnectNow et ConnectPro qui permettent les réunions à distance (vidéo, chat, tableau, partage d’écran, etc…)…

  5. #5 par nicolier le 3 juillet 2008 - 10:41

    Ah oui tiens une présentation de ce service pourrait être très intéressant !

  6. #6 par Martius le 4 juillet 2008 - 2:01

    Je pense (et par ma modeste expérience) que les réunions physiques restent indispensables avec certaines personnes, dans certaines situations et pour prendre un certain nombre de décisions. J’ai pu travailler à distance sans jamais rencontrer certains clients, mais ne pas rencontrer régulièrement mes collaborateurs, c’est vraiment délicat.

    Et tout bêtement, rntre devoir marcher jusqu’au bureau d’en face pour poser une question à son collègue et devoir envoyer un message sur n’importe quelle plateforme, il me semble que la première option reste la plus rapide et la plus efficace.

  7. #7 par Pascal le 4 juillet 2008 - 6:20

    Super le sujet !
    Moi qui reviens de 20 ans à Paris, 4 ans dans la région. Et des milliers de réunions sur mon carnet de bord.
    Il y a une autre dimension : le pouvoir.
    Petite annecdote, il y a une dizaine d’années, dans une grande entreprise du numérique. La directrice de la communication (elle est dans mon FB). 8 personnes dans son service. La question du journaliste que j’étais : « et chez vous, le télétravail ? » (il faut dire que ce truc de distance, de télétravail, de travailler via le téléphone, Internet, la vision c’est pas nouveau)… « Chez nous, mais tu n’y penses pas… » En fait le problème c’est que pour exister dans cette entreprise américaine, il faut montrer ses troupes, sa force, son pouvoir avec des metres carré, des nombres de réunions organisées…
    Après Paris au centre de tout, oui malheureusement, mais çà remonte à des siècles.
    Autre chose, quand j’ai annoncé à mes clients (principalement du secteur TIC) que je quittait pParis, la réponse d’une autre dircom (un grand fondeur… facile à trouver) : « Mais on va faire comment ? »
    En gros elle met entre 1h30 et 2 h pour atteindre son bureau tous les jours (1h40 de TGV de Dijon pour moi) et surtout en 4 ans, j’ai fait 3 réunions en live (je déteste le mot consulaire de présentiel), mais il y a les habitudes, l’image de s’il est à 5 km du bureau je l’aurai toujours sous la main…
    Mais je pense que çà devrait tout même changer, le prix du baril qui s’affole, devrait aider. Enfin j’espère.
    Mais nos politiques pourraient peut être agir…

    Le réseau, les techno c’est bien là il faut changer les mentalités, simplifier encore et encore les outils (les simplifier comme la messagerie aujourd’hui ou le téléphone). Et puis utiliser la visio, ou la téléconférence pour une réunion, c’est …. y réfléchir avant, être précis, organiser et vouloir partager et être transparent. Et ne pas traiter des problèmes entre deux portes ou en « cachette »…
    Excellent sujet et bon week-end
    Pascal

  8. #8 par nicolier le 4 juillet 2008 - 8:40

    Pascal tout à fait d’accord avec cette notion de pouvoir, cette idée pour le « supérieur hiérarchique » d’avoir le salarié ou le collaborateur à portée de main, de montrer ainsi sa puissance.

    Ma petite anecdote aussi :

    Il y a une dizaine d’années, une collaboration rédactionnelle régulière dans un trimestriel. Cela me demandait d’écrire pendant 3 semaines à plein temps avant chaque bouclage. La rédaction était sur Paris, moi Dijon.

    Ma présence physique était totalement inutile, on me communiquait une liste de papiers à rédiger, j’étais rémunéré sous forme d’honoraires, en trois semaines je voyais le responsable de la publication 2/3 fois à tout casser.

    Mais le responsable de la publication me voulait là, sous ses yeux, à quelques mètres de lui. De temps en temps il convoquait les gens (les vrais salariés… pas moi) dans son bureau, les engueulait, les menaçait de licenciement, voire les humiliait (lui n’est pas dans mes amis Facebook !!).

    Pour lui, le travail à distance aurait été impensable… Pourtant, et c’est là le côté risible, il s’agissait d’un trimestriel consacré aux nouvelles technologies ! 😉

    Donc pendant trois semaines il me payait mes aller-retour QUOTIDIENS Dijon-Paris en TGV ! Aberrant !

    En même temps ces constats me rassurent. La dimension humaine, même avec ces travers, a encore de beaux jours devant elle, malgré ces profusions d’outils techno à notre disposition. L’homme à l’ère du WEB2.0 possède encore des réflexes et des comportements datant de l’aube de l’humanité (1)… Mais ça c’est pas une surprise !

    (1) J’aime bien caser « l’aube de l’humanité » quelque part… les amateurs de Kubrick comprendront ! 😉

  9. #9 par Proxilog le 6 juillet 2008 - 10:25

    Loin des yeux, loin du coeur… Excellent sujet de discussion !

    Quand j’ai créé Proxilog en 2002, la notion de ‘distance’ a été essentielle dans le concept de la boite (c’est pour ça qu’on s’appelle ‘PROXI log’) : travailler dans un bassin de vie, pour des clients proches physiquement (l’Auxerrois). D’ailleurs ce concept n’est pas en soi directement réplicable dans d’autres régions…

    Et c’est ça le paradoxe : on ‘réfléchit global’ pour des clients proches physiquement (d’ailleurs en B2B la relations directe ‘face à face’ est, me semble-t-il, beaucoup + importante qu’en B2C, mais ça peut se discuter…). Mais nous savons que les réunions, c’est toxique !! ( http://gettingreal.37signals.com/ch07_Meetings_Are_Toxic.php )

    En interne, nous sommes 4 personnes à l’agence, dont une ‘télé-travailleuse’, ce qui ajoute un certain nombre de contraintes organisationnelles, mais donne de la liberté à notre salariée dans la gestion de sont temps (et la libère également de l’inefficacité latente des réunions physiques) ; avec le temps, on arrive assez bien à s’organiser ensemble (exemple concret cet été : l’agence d’Auxerre est fermée, mais la ligne téléphonique est redirigée chez elle, donc le service de maintenance est assuré !!). La dématérialisation complète des échanges est un mythe, même si des outils comme WebEx sont super utiles dans certains cas !

    Pour notre métier, nous sommes tentés par la programmation Offshore : nous n’avons pas passé le cap car nos projets ne nous semblent pas de taille suffisante pour justifier ce type de démarche en termes économiques. Un de mes copains bosse à Auxerre dans un bureau d’étude industriel d’une boite américaine, et fait sous-traiter une partie de son travail en Inde. Il m’a dit qu’il utilisait ce process uniquement pour des projets non-stratégiques, super-calibrés et ‘main-d’oeuvre intensifs’ .

    Tout ça pour dire : nous sommes tous la province ou la banlieue d’un autre !!!

    Perso : pour rien au monde je ne monterais sur Paris (à part ponctuellement bien sûr), j’ai une qualité de vie d’enfer à Auxerre (surtout avec des enfants), et même s’il faut se batailler pour trouver du business, mon choix est fait !

    PS : spéciale dédicace à mon frère et ma soeur, les parigots !